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Bilan lecture #1

Un bilan lecture qui s'est illustré par pas mal d'abandon et de déception. Mais qui s'est révélé par la suite bien riche. Je ne parlerai que des livres qui m'ont plu. Parce qu'il y en a déjà pas mal. Et qu'en plus, une autre pile de lecture a été bien amorcée avec pour le moment aucun arrêt.

Donc, il faut aller à l'essentiel. Sans plus tarder, les voici :

J'avais encore jamais lu de PD James. C'est en regardant deux épisodes sur un des héros de l'auteur - Dagliesh - qui m'a donné envie de découvrir plus sur son univers. Et quoi de mieux, qu'un who unit dans le château de Pemberley. Oui, celui-là même où Darcy et Elizabeth coulent maintenant des jours heureux. J'ai été très surprise parce que l'auteur est fidèle au style littéraire de Jane Austen. C'est bluffant.

Là où je suis restée sur sa faim c'est qu'en fait, on est poussée à lire ce roman pour retrouver D et E là où on les avait laissé à la fin d'Orgueils et Préjugés. Sauf qu'on les retrouve déjà mariés, parents. Et, il y a peu de moments où ils sont tous seuls. Mais, ces rares moments de tendresse, d'affection valent le coup.

L'autre regret c'est le who unit que j'attendais et qui n'en ait finalement pas. Je m'attendais à un récit à l'instar d'un Agatha Christie ou encore du très réussi film, A couteaux tirés.

Or, le meurtre se déroule un peu loin de Pemberley. La distance laisse peu de doutes aux suspects possibles. Alors qu'un meurtre dans le château aurait créé davantage de suspens, de dynamisme et d'intérêt. Reste que l'intrigue tournant autour de Wickham est intéressante. Mais l'ensemble du texte aurait mérité quelque chose de plus osé, de plus contemporain.

Joyce Maynard est pour moi une decmes auteurs préférés. Je l'ai découverte à la suite du film Labor Day. Un bijou au cinéma ; et à l'écrit. Il reste un de mes préférés d'ailleurs de l'auteur. Où vivaient les gens heureux n'en est pas moins réussi. Mais, trop long et trop répétitif vers la fin. Fin que j'ai d'ailleurs survolé.

Le reste m'a conquis dans sa justesse à décrire la réalité d'une famille, d'un couple. Que dis-je d'un mariage. La narratrice depuis le début a en tête une maison, un foyer. Une famille, de l'amour. Tout ce qu'elle a manqué.

Et, on voit comment notre enfance empiète sur notre vie d'adulte. Comment on se trompe, on se met aussi à soi-même quelque part. D'autant plus avec le secret qu'elle porte en elle. On veut faire autrement que nos parents. Mais, peut-être aurait-il fallu avant de se lancer dans cette croisade, se connaître davantage et guérir de ses blessures.

Parce que dans cette fuite, on s'illusionne. Sur l'autre, sur son conjoint. Nos enfants. Sur nos rêves, nos besoins et attentes. Et c'est là où l'auteur réussit avec brio cette femme qui a tout sacrifié pour sa famille mais qui l'a bien voulu d'une certaine façon.

Dans cette fuite en avant d'elle-même. Dans tous ces petits riens du quotidien d'apparence anodine qui ont pesé sur son mariage. Et qu'elle a laissé couler. Dans cette façon aussi de privilégier ses enfants au détriment peut-être de son couple.

Aucun jugement de ma part. D'autant que le mari a autant de tords. Ce livre m'a fait beaucoup réfléchi. Et, ça m'a fait penser à une citation de DH Lawrence dans sa Fille Perdue. Il parlait que souvent les enfants veulent faire mieux que leurs parents. Mais qu'au final, ils font pire.

Je suis pas tout à fait d'accord. C'est pas facile d'être qui on est surtout en ces temps incertains. C'est juste que je pense qu'avant d'être avec la "bonne" personne, il faut être bien avec soi. Tout bête mais essentiel. Peut-être que le destin d'Eleanor et de sa famille aurait été tout autre si elle avait appris d'abord à être avec elle-même.

Mais ça serait injuste de lui imputer toutes les fautes. Elle est la victime de son époque, d'une Amérique profondément machiste, hypocrite et puritaine. Et, ce qui est révoltant c'est de voir que peu de choses a changé. Ou tout du moins, on assiste ses dernières années à un retour en force du patriarcat.

Où vivaient les gens heureux est un roman très dense qui méritait certainement une seconde lecture pour apprécier pleinement toute sa résonance contemporaine. Et, les enjeux que celle-ci a sur notre identité, notre parcours de vie. Aussi bien qu'en tant qu'individu que collectif.

Pour moi, Giles Blunt est un des meilleurs écrivains policiers. Rien de blockbuster dans ses récits. Non, les "banales" luttes de gens ordinaires dont la vie du jour au lendemain bascule. Le tout dans un Canada où l'hiver rude attise les comportements limites déjà bien malmenés tout le reste de l'année.

Chômage, alcool, drogues...etc. Sans compter les peuples indigènes oubliés des politiques à qui on a tout spolié : terre, culture, dignité. Une richesse narrative et sociale qui me fait d'ailleurs souvent pensé à Stephen King. Présenté comme le maître de l'horreur. Mais bien plus que cela au final. Deux auteurs qui au détour de l'horreur dépeint toute la violence, les contradictions de leurs pays.

Grand Calme n'échappe pas à la règle avec un suspens qui m'a tenu en haleine tout du long. Certes, l'identité du tueur est devinable mais son pourquoi l'est beaucoup moins. L'auteur grâce à un récit en deux temps et deux narrateurs différents, maintient un rythme efficace.

Ce que j'admire aussi chez Giles Blunt c'est la psychologie de ses personnages. De l'inspecteur à l'antihéros en passant aux personnages secondaires. C'est abouti, fin jamais surfait. Cardinal, le héros de sa saga, en est l'exemple type. Quelqu'un de sérieux, qui n'essaie jamais d'attirer l'attention sur lui. Un vieux de la vieille, on pourrait dire. Mais qui a aussi son lot de trauma.

Et que dire de sa coéquipière, Delorme. Dans cet opus, il la questionne encore plus. Sur sa féminité, cette espèce de dualité par rapport à sa carrière qui fait d'elle une femme pas comme les autres. Ou du moins, une femme dont les aspirations l'éloignent des autres femmes ; et, certainement des hommes aussi.

J'ai trouvé ça puissant. En plus de tout le reste. Et, je ne peux que vous conseiller la série dont a été tiré cette saga. Intitulé sobrement mais d'une telle justesse, Cardinal. Elle comporte quatre saisons ; et jusqu'à la toute dernière seconde, on est happé. Et, jamais déçu !

Mon dieu, ce livre ! Qui m'a rappelé le film Elephant de Gus Van Sant. Ou encore, Hate List de Jennifer Brown. Des œuvres dures mais nécessaires. Vous l'aurez compris, ça parle d'une tuerie perpétrée par un élève d'un lycée.

J'ai été happé parce ce livre. J'ai pas pu le lâcher. Je l'ai lu en quelques heures ; et même une fois refermée, j'étais encore dedans. Du mal à m'en sortir. Pendant 54 minutes, j'ai été avec eux.

Pas que j'aime me faire du mal mais j'ai besoin de comprendre. Comprendre comment on peut en arriver là. Comment la sphére familiale, scolaire, sociale et politique a joué un rôle dans ce massacre. Je ne juge pas du moins j'essaie mais c'est difficile. Y a toujours un fil conducteur : un parent abusif, un élève harcelé parce qu'il est pauvre, mal habillé...etc.

Et, on peut pas s'empêcher même si c'est facile après coup de pointer untel ou untel. Mais quand même, si on peut difficilement réguler la vente des armes. Enfin, c'est pas qu'on peut pas c'est qu'on veut pas. Pourrait-on agir sur le harcèlement ? Sur l'accompagnement de personnes vulnérables en pleine rupture avec leur environnement ?

Est-ce qu'à ce niveau, il n'y a pas moyen de former des personnes en psychologie, en thérapie comportementale et accompagnement social ?! Et il y a aussi je pense qu'un gros souci dans l'intervention des forces de l'ordre. Point qui d'ailleurs avait été soulevé lors de la dernière tuerie dans une école primaire au Texas en mai dernier.

Tout comme dans le livre, il avait fallu aux autorités une heure pour entrer dans l'école alors que l'alerte avait été lancée assez rapidement. Dans le roman, ce qu est choquant c'est deux élèves qui ont finalement pu libérer la plupart des élèves. Ensuite, les forces de l'ordre sont rentrées mais n'ont pas voulu évacuer les blessés de suite. Ce qui les a condamnés à une mort plus que certaine. Après, j'ai bien conscience qu'il y a une procédure à respecter tant que le meurtrier est dans l'enceinte de l'établissement.

Outre ce questionnement, cet acte de barbarie est-il une réponse individuelle à un manquement collectif ? Peut-être bien mais c'est pas aussi simple. Et, ça serait enlever toute culpabilité à celui qui avait l'arme entre les mains. Et, dédramatiser ses actes.

C'est pas un débat évident. Et le traumatisme répétitif que ça laisse sur une communauté, un pays, sans jamais vraiment trouver de solution laisse songeur sur l'avenir. Sur l'histoire, l'héritage et l'espoir qu'on souhaite léguer aux générations futures.

On finit sur une note bien joyeuse bien que chaque pays comporte sa propre part d'ombre. Ce que Ogawa Ito n'as pas voulu montrer et on l'en remercie. Parfois, il est bon de se retrouver dans un petit village qui semble-t-il ne connaît ni violence ni déception. Enfin, presque ! Un village que j'ai imaginé aux confins du monde. Où le temps semble s'être suspendu à son apogée.

Où on célèbre les crayons arrivés à bout de course. Où une Poste nichée sur une île accueille les lettres sans destinataire. Où on rend hommage aux ancêtres avec un respect poignant. Plus important encore, une communauté où on prend encore à l'ère numérique de s'écrire une lettre. Une carte d'anniversaire, de vœux ou de condoléances.

Ou le cas échéant, de faire appel à un écrivain public. Cette dernière Hatoko effectue sa tâche avec sérieux. Que dis-je avec amour. Soin, délicatesse, sensibilité. Du papier au choix du stylo. En passant par la couleur, la police de caractère. Et plus important, le choix des mots. Un jeu de pistes ou plutôt d'empathie profonde.

Un bijou d'émotion où se mêle harmonieusement comme à l'accoutumée dans les romans de l'auteur, mets délicieux, magie des mots et des rencontres, sagesse et joies sublimées du quotidien. Je n'ai pas cherché si l'univers d'Hatoka et les siens existe dans la réalité. Pour moi, il existe ; et à chaque fois que j'en aurais besoin, je m'y réfugierai !

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M
Je remonte un peu tes articles puisque tu as publié bien entendu pendant ma pause... Je vois que tu as lu pas mal de livres. Il y a des titres et des auteurs que je connais "PD James" lu il y a longtemps, "Joyce Maynard " pour d'autres titres et bien entendu "Ogawa Ito" dont je viens de lire un troisième roman ! Je vois que tu fréquentes aussi les médiathèques, c'est tellement bien pour choisir en toute liberté nos lectures. Bon courage pour l'hiver austral, ici alors que je suis encore dans mes montagnes de Haute-Loire et pas encore en Provence, on a très chaud l'après-midi...
Répondre
Oui, j'ai vu ça pour Ogawa Ito. Tu es fan apparemment même si ce livre t'a moins plu que les précédents. Depuis toute petite, mes parents m'emmènent à la médiathèque. Sur le plan écologique et financier, c'est plus intéressant. Je suis inscrite à deux médiathèques de deux communes différentes :) . J'achète aussi de temps en temps des livres mais ça demande de l'espace et de l'investissement. Les températures sont plus clémentes même si le soir il fait toujours froid. Bon courage à vous ! J'ai vu que cette semaine, les températures allaient encore monter !<br />